Dérèglement climatique et santé mentale

7e webinaire du cycle Dérèglement climatique et santé

Vendredi 8 novembre 2024, 13h30-15h30

Programme

Eco-anxiété : définition, mesures et associations avec des marqueurs de santé et environnementaux

Guillaume Chevance, enseignant-chercheur à l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) et directeur du Centre Interdisciplinaire en Santé Mondiale (CISM) de l’Université de Rennes

L’éco-anxiété est définie de diverses manières dans la littérature académique, et les questionnaires utilisés pour mesurer ce concept varient considérablement d’une étude à l’autre. Cette présentation exposera certaines définitions et outils de mesure couramment utilisés dans le champ de la psychologie environnementale. Ensuite, elle abordera les liens entre l’éco-anxiété et des marqueurs de santé, tels que l’anxiété généralisée et les comportements de santé. Enfin, des données originales récentes sur les déterminants environnementaux de l’éco-anxiété, comme la pollution et la chaleur, seront présentées.

Eco-anxiété : une réaction adaptative face aux enjeux environnementaux

Hélène Jalin, psychologue clinicienne, Université de Nantes

L'éco-anxiété a fait son apparition depuis une dizaine d'années et touche une part de plus en plus importante de la population. Elle s'intègre dans un ensemble plus vaste de ce que l'on appelle les éco-émotions, qui peuvent être de la colère, de la tristesse ou encore de la culpabilité. Les premières études ont cherché à établir un lien entre l’apparition de l’éco-anxiété et certaines psychopathologies mentales. S'il existe effectivement des formes sévères d'éco-anxiété qui peuvent requérir l'intervention d'un thérapeute, l'éco-anxiété est de plus en plus envisagée comme un phénomène adaptatif dans la mesure où elle peut pousser les individus à l'action en faveur de l'environnement. L'éco-anxiété peut aussi être envisagée comme une réaction humaine qui s'inscrit à l'extrémité d'un continuum dans lequel elle s'oppose aux réactions de déni.

Psychonutrition : une nécessité dans l'adaptation en santé mentale face au changement climatique

Guillaume Fond, docteur en psychiatrie et en biologie cellulaire et moléculaire, chercheur en psychonutrition, auteur de « Bien manger pour ne plus déprimer » (éd. Odile Jacob, 2022)

La santé mentale humaine est directement liée à la santé planétaire. Le changement climatique peut altérer la santé mentale des plus précaires, qui y sont les plus exposés. L'effondrement de la biodiversité de notre environnement s'accompagne de celui de la biodiversité de notre intestin, qui conduit à des troubles mentaux comme l'anxiété et la dépression. L'alimentation issue de l’agriculture intensive ne suffit plus à nourrir nos cerveaux, qui manquent d’acides gras oméga-3, de vitamine D, d’acide folique ou de vitamine B12. Résultat : plus de 80 % de nos cerveaux sont dénutris. Des recommandations internationales publiées en 2022 devraient permettre à terme, avec une alimentation méditerranéenne et la promotion des moyens de transport actif et de la téléconsultation, d'améliorer la santé mentale de la population française.