Urbanisme écologique

Le Groupe sur l'urbanisme écologique (GrUE) réfléchit à intégrer l'écologie dans de nouvelles formes urbaines.

Le Groupe sur l’Urbanisme Écologique a été créé en 2017 dans le cadre de l’institut de la transition environnementale de l'Alliance Sorbonne Université. Il réunit une vingtaine d’experts, professionnels, chercheurs, enseignants autour des questions posées par l’adaptation des villes et des territoires au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Si l’on considère que l’urbanisme académique et opérationnel doit ses méthodes contemporaines à un processus historique d’accrétion des arts, des sciences humaines et sociales, des sciences de l’espace et des sciences de l’ingénieur, les enjeux contemporains de la durabilité et de la résilience des milieux ont amené les sciences du vivant à entrer en jeu. Cette entrée en urbanisme de l’écologie scientifique propose un regard nouveau sur les dynamiques de fonctionnement des milieux urbanisés qui étaient traditionnellement arbitrées au bénéfice exclusif de l’homme. Considérer le vivant comme agissant dans la ville, à travers les services écosystémiques qu’il apporte et les compensations qu’il demande pour fonctionner ne relève pas simplement d’un nouveau point de vue qui se rajouterait aux autres comme une couche de complexité supplémentaire. L’écologie et le changement climatique instruisent le débat et la pratique urbanistiques et rebattent les cartes de l’urbanisme en réorganisant en profondeur les dynamiques des interdisciplinarités déjà présentes. C’est l’enjeu qui anime le GrUE, groupe pluridisciplinaire constitué par l’association de compétences multiples et complémentaires, communément acculturées à l’écologie urbaine.

Le GrUE se focalise notamment sur de nouvelles conceptions urbaines résilientes et vertueuses pour les humains et non humains. Il interroge un urbanisme de projet prioritairement à une échelle intermédiaire (le quartier) en tentant de concilier les divers objectifs géographiques, écologiques, environnementaux, sociologiques, sanitaires, économiques, paysagers dans le contexte du dérèglement climatique et de la crise de la biodiversité actuels. Réinventer la ville impose une formalisation méthodologique, même si chaque projet de territoire est bien un cas à part entière. Les réflexions du GrUE sont d’abord académiques mais s’appuient aussi sur des études de cas afin de tester plus précisément l’organisation des phases d’un projet urbain écologique, la faisabilité de gestion adaptative en urbanisme, l’adoption de méthodes collaboratives permettant d’impliquer les forces vives d’un territoire, la capacité à proposer de nouvelles formes urbaines adaptées aux incertitudes, de nouveaux paysages et de nouvelles biodiversités.

Pour le GrUE, un urbanisme écologique est un urbanisme durable et résilient (dans le sens d’un retour possible à une fonctionnalité et non à un état antérieur). Il repose fondamentalement les rapports à l’environnement et à la nature et aussi aux notions de bien-être, de qualité environnementale et d’équité. Aujourd’hui, l’urbanisme peut aller plus loin en se souciant du vivant pour lui-même et en affirmant que la biodiversité peut être structurante dans l’acte de conception et d’aménagement urbain. La notion de durabilité liée à l’anthropocentrisme doit être dépassée, la conception devenant alors pluridisciplinaire et adaptative. La ville multifonctionnelle, thermiquement vivable, neutre en carbone, inventant une nouvelle démocratie et une nouvelle économie, fait déjà partie des vœux exprimés par certaines métropoles, mais les formes d’urbanisation sont encore à réinterroger.

Contact

Philippe Clergeau

• Participation à l’ouvrage collectif aux éditions Apogée « Urbanisme et biodiversités, vers un paysage vivant structurant le projet urbain » (2020)

• Rédaction d’un ouvrage collectif aux éditions Apogée intitulé « Réinventer la ville avec l’écologie, frottements interdisciplinaires » (2022)

• Expertise collective d’un projet d’Ecoquartier pour la municipalité d’Ajaccio (2023)

• Relecture collective du SDRIF-E de la Région IdF

• Participation au GREC-Ile de France : expertises de plans-climat locaux, participation au PEPR Solu-biod

• Interventions de trois membres aux Rencontres du Vivant et de la Terre ». Fédération Biogee, 20 mai 2022 à Rouen

• Poster présenté au colloque Climat et Impacts, novembre 2022, Gif-sur-Yvette

• Pour un socioécosystème urbain au programme des municipales, Libération, 24 février 2020, Idées. 

Philippe Clergeau (ss la dir.), Urbanisme et biodiversité. Vers un paysage vivant structurant le projet urbain, Ed. Apogée, Collection Écologies urbaines, 2020.

Sylvain Rode, « Vers un urbanisme écologique ?  », Philippe Clergeau (dir.), Urbanisme et biodiversité, Géocarrefour, 2020.

Groupe sur l'urbanisme écologique, Réinventer la ville avec l'écologie. Frottements interdisciplinaires, Ed. Apogée, Collection Écologies urbaines, 2022.

Xavier Lagurgue, La végétalisation des façades. Esthétiques et écologies, Ed. Apogée, Collection Écologies urbaines, 2023.

M. Cohen, L. Eymard, R. Courault, S. Muller, Paris est une des pires villes européennes en temps de canicule. Comment changer cela ?, The Conversation, 15 août 2023

P. Clergeau, X. Bonnaud, La gestion adaptative comme outil des paysages urbains durables, Traits Urbains, n° 102, 66-69, 2019.

Les membres du GrUE

Émeline BAILLY est chercheure en urbanisme au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment. Ses recherches portent sur la qualité urbaine des espaces habités, qui se crée à l’interface de l’urbanisme, de l’écologie et du sensible, et qui est mise à mal par les évolutions climatiques et biodiversitaires. Elle questionne les politiques de transition socio-écologique à travers l’exploration d’un urbanisme écologique et sensible et la considération des initiatives citoyennes. Elle est membre de plusieurs conseils scientifiques (Ecoquartier, FVTD). Elle enseigne à l’École Urbaine de SciencesPo Paris et à l’ESAJ. Elle est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages dont avec D. Marchand et A. Maugard, Biodiversité urbaine, pour une ville vivante, Paris, Ed. PC et avec D. Marchand, La qualité : la ville résiliente et sensible, Bruxelles, Mardaga.

Christiane BLANCO est architecte urbaniste, enseignante à l’ENSAPLV où elle travaille sur les métropoles d‘Asie du Sud Est au sein d’un atelier de projet qui développe des travaux en partenariat avec les universités de plusieurs pays asiatiques notamment sur la question de l’adaptation des villes aux changements climatiques. Elle a été jusqu’en 2023 directrice d’études au sein de l’Atelier Parisien d’urbanisme (Apur). Elle a coordonné les publications de l’Apur rendant compte des coopérations entre Paris et Phnom Penh et entre Paris et le Caire. Elle a été en charge en 2019 de la conception de la conférence internationale de l’Association internationale des maires francophones sur la résilience des villes après les catastrophes à partir des cas de Phnom Penh, Kigali et Port au Prince.

Xavier BONNAUD est architecte (agence MESOSTUDIO), docteur en urbanisme, professeur à l’école d’architecture de Paris la Villette et à l’école Polytechnique. Il dirige le laboratoire GERPHAU (Groupe d’Etudes et de Recherches Philosophie, Architecture, Urbain - EA 7486).

Jérôme CHAMPRES, architecte-paysagiste et urbaniste qualifié (OPQU), est actuellement directeur de projets au Cerema. Il élabore des méthodologies et des guides sur des nouvelles pratiques d’aménagement du territoire. Il valorise notamment des projets innovants sur un nouvel urbanisme résilient et durable, basé sur les bienfaits du végétal, et en particulier, des arbres en ville. Son objectif est de croiser différents regards pour améliorer notre cadre de vie, assurer un confort climatique vital et faciliter la coexistence avec une biodiversité urbaine. Il est auteur/co-auteur de nombreux articles et ouvrages dont Aménager avec le végétal, Jardins de pluie – une dimension écologique et paysagère de l’aménagement, et d’expertises sur les thématiques des transitions environnementales, de la trame verte et bleue et de l’implication citoyenne à la gestion des eaux pluviales.

Philippe CLERGEAU est professeur émérite au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) et consultant en urbanisme écologique. Ses recherches en écologie sont ciblées sur l’installation des biodiversités urbaines, sur l'organisation fonctionnelle des paysages et les stratégies de conception de projets. Il a travaillé sur la mise en œuvre des trames vertes et sur l’ingénierie écologique des bâtiments et infrastructures. Il a animé de nombreux programmes interdisciplinaires. Il préside plusieurs conseils scientifiques et anime le Groupe sur l'Urbanisme Écologique.  Il est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment Urbanisme et biodiversité, Rennes : Apogée ed., 2020.

Marianne COHEN est professeure de géographie, spécialisée en biogéographie à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université. Ses recherches portent sur l’impact du changement climatique sur la végétation et les activités humaines dans les territoires urbains et ruraux. Elle a contribué à l’expertise sur l’artificialisation des sols (chapitre sur l’impact sur la biodiversité terrestre), préalable à la mise en place de la politique du ZAN.

Jean-Noël CONSALES est professeur en géographie et aménagement du territoire à l’Université Lumière Lyon 2 et au Laboratoire d’Études Rurales. Il mène des recherches sur les différentes expressions spatiales d’une nature résolument plurielle, qu’elle soit sauvage, spontanée, extraordinaire, ordinaire, domestiquée, cultivée ou encore élevée. Ses travaux portent plus spécifiquement sur la mobilisation de cette nature plurielle dans les projets d’aménagement du territoire, de planification, d’urbanisme et de paysage ainsi que dans les politiques publiques, et ce, à différentes échelles spatiales et dans différents contextes territoriaux (intra-urbain, périurbain, métropolitain et rural). Cherchant à tracer des traits d’union entre la recherche fondamentale et la pratique projectuelle, ils contribuent à l’élaboration d’une géographie appliquée à la planification et à l’urbanisme écologiques, en s’interrogeant notamment sur la portée opérationnelle de grandes figures de la fabrique territoriale et urbaine actuelle.

Romain COURAULT est maître de conférence en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur les effets du réchauffement climatique actuel sur différents systèmes régionaux, ruraux ou urbains (milieux arides, tempérés, subpolaires). Ses activités de recherche à l’UMR LADYSS, ainsi que les enseignements de terrain menés en région francilienne ont pour thématiques l’observation de la diversité végétale urbaine, et l’évolution bioclimatique récente des massifs et bois franciliens.

Laurence EYMARD est directrice de recherche émérite du CNRS. Ses recherches sur les échanges d’énergie surface-atmosphère se sont focalisées ces dernières années sur le milieu urbain, aux différentes échelles, dans le contexte du changement climatique (atténuation et adaptation), en prenant en compte les questions de pollution atmosphériques, au travers de projets de sciences participatives.

Xavier LAGURGUE est architecte, docteur ville et architecture et fondateur associé de l’agence franco-autrichienne XLGD architectures. Professeur d’architecture à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris La Villette où il enseigne l’écologie du projet architectural et urbain, il enseigne également au Muséum National d’Histoire Naturelle (master BAT-URBABIO) et à l’Institut de la Construction et de l’Habitation du CNAM de Paris. Il est chercheur au GERPHAU de l’ENSAPLV et associé au laboratoire CESCO du MNHN. Ses thèmes de recherches concernent les rapports entre vivants humains et non humains, en milieu bâti et notamment à l’évaluation des services écosystémiques apportés par la végétalisation à l’échelle de la parcelle sur des immeubles de logements. En 2023, il a publié La végétalisation des façades : architectures, esthétiques et écologies, aux éditions Apogée.

Gilles-Antoine LANGLOIS est professeur émérite à l’ENSAPVS-UPC, où il anime un séminaire doctoral. Urbaniste et historien, ses travaux interrogent la ville comme un organisme vivant, dans une approche transculturelle et décoloniale. Il est directeur de rédaction de la revue transversale / histoire architecture paysage urbain et expert international pour les projets de recherche en coopération du MESRI. Dernier article publié (2024) : Malpasset 1959, The One We Feared. Histoire technologique, organisationnelle et écologique d’une catastrophe anthropique, Ædificare Revue internationale d’histoire de la construction, n° 12, 2022 – 2, p.139-180.

Anaïs LEGER-SMITH est ingénieure paysagiste et maître de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse où elle enseigne dans le champ « Ville et territoires » au sein de pédagogies réaffirmant les conditions d’une pratique du projet ouvert, situé dans un milieu vivant et un socioécosystème territorial. Dans le Laboratoire de recherche en architecture de Toulouse, elle codirige des travaux articulant paysage, architecture, biodiversité et territoire, sur l’urbanisme des milieux vivants, les infrastructures vertes et les systèmes de parc dans la métropole. Elle est éditrice pour la revue de recherche Journal of Landscape Architecture ainsi que pour l’ouvrage triennal de critique en paysage Landscape Architecture Europe

Audrey MARCO est phytoécologue, enseignante-chercheuse à l’École nationale supérieure de paysage Versailles-Marseille et au Laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep). Ses recherches s’orientent sur la connaissance de la diversité végétale urbaine et le rôle des pratiques de conception et de gestion des espaces de nature dans le déterminisme des communautés végétales. Les résultats sont appliqués à l’aménagement des territoires, et à la fabrique de la ville, en lien avec la nature et le paysage. Elle assure par ailleurs des missions d’expertise et de conseils dans divers réseaux et instances locale et nationale. Ses recherches, construites en lien avec la philosophie, visent à promouvoir la place centrale que l’architecture peut jouer l’architecture (par les lieux et milieux dont elle prend soin, la pensée qu’elle instaure, la culture qu’elle met en partage, les inventions qu’elle propose) dans le contexte de dégradation des conditions d'habitabilité de la planète et des sociétés au XXIe siècle.

Chris YOUNES est psychosociologue, docteure et HDR en philosophie, professeure à l’ESA (Paris). Elle est fondatrice et membre du laboratoire Gerphau et du réseau PhilAU (Philosophie, architecture, urbain), ainsi que de sa revue Le Philotope. Cofondatrice et membre d’ARENA (European architectural research network), membre du conseil scientifique d’Europan, membre de l’académie d’Architecture et correspondante section architecture de l’académie des Beaux-Arts. Ses publications et recherches développent une interface synergique architecture et philosophie sur la question des lieux de l’habiter, au point de rencontre entre nature et artefact, patrimoine et création. Elle a notamment codirigé avec Roberto d’Arienzo : Recycler l’urbain. Pour une écologie des milieux habités, MetisPresses, 2014, et Synergies urbaines. Pour un métabolisme collectif des villes, MetisPresses, 2018.