Face au dérèglement climatique, comment réduire notre empreinte nutritionnelle ?

4e webinaire du cycle Dérèglement climatique et santé

Lundi 20 novembre 2023, 13h30-15h30

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Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une nutrition favorable à la santé implique d’équilibrer les apports fournis par l’alimentation et les dépenses dues à l’activité physique. Or ces apports, via la production agricole et la distribution des aliments, contribuent au dérèglement climatique (24 % en France). De l’autre côté, se dépenser peut avoir un effet limitant sur notre empreinte carbone, notamment si l’on marche ou si l’on utilise son vélo pour se déplacer.

Tout régime nutritionnel est donc synonyme d’une certaine empreinte carbone, qui peut varier énormément selon le contenu de l’assiette et selon le type d’activité physique exercée. Dans quelles mesures exactement ? Modifier sa consommation pour réduire son empreinte carbone a-t-il toujours des effets bénéfiques sur la santé, ou cela peut-il provoquer une maladaptation nutritionnelle ? Peut-on trouver l’équilibre parfait entre nécessaire réduction de notre empreinte carbone, régime alimentaire, activités physiques liées aux modes de transports actifs et bonne santé ?

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Le climat s'invite dans votre assiette

Emmanuelle Kesse-Guyot, directrice de recherche à l’Inrae, Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN), Inserm U1153 / INRAE 1125 / Cnam / Université Sorbonne Paris Nord, Centre de Recherche en Épidémiologie et Biostatistique Sorbonne Paris Cité - Université de Paris

Quels sont les profils alimentaires les plus émetteurs de gaz à effet de serre, et quels sont les facteurs qui contribuent à ces émissions ? Nous aborderons ces questions en nous basant sur les données du projet BioNutriNet, en prenant en compte les modes de production des aliments. À partir de ces constats, nous présenterons les régimes alimentaires issus de modèles visant à réduire progressivement les émissions de gaz à effet de serre et mettrons particulièrement l'accent sur les disparités de consommation entre les produits d'origine animale et végétale.

Végétalisation protéique de l'alimentation : sécurité nutritionnelle, santé à long terme et pressions environnementales

Hélène Fouillet, chargée de recherche à l’Inrae, Equipe Prospect : Apport en protéines, sécurité nutritionnelle et risque cardiométabolique UMR INRAE-AgroParisTech PNCA : Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire, Université Paris-Saclay, AgroParisTech

La végétalisation des sources protéiques alimentaires est encouragée pour des raisons de durabilité environnementale comme de santé humaine, car associée à un moindre risque de maladies chroniques, mais elle pourrait être à risque pour la sécurité nutritionnelle du fait de la suppression de produits animaux vecteurs de nombreux nutriments indispensables. Par des travaux de modélisation des régimes alimentaires français, encore peu végétalisés, nous avons identifié notre volant d'action possible : la gamme de taux de végétalisation atteignables en toute santé et sécurité, et par quels réarrangements alimentaires. Nous avons également évalué les effets attendus de cette végétalisation sur différentes pressions environnementales, notamment les émissions de gaz à effet de serre et l'utilisation de l'eau qui différaient dans leurs réponses.

Transports actifs et activité physique : quels bénéfices sanitaires dans une perspective de neutralité carbone ?

Kévin Jean, maître de conférences, Laboratoire Modélisation, épidémiologie et surveillance des risques sanitaires (MESuRS), Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Paris

Au-delà des objectifs d'atténuation du changement climatique, les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre pourraient avoir d'importants bénéfices sanitaires à court terme. Cela est particulièrement vrai dans le domaine des transports : en induisant un certain niveau d’activité physique, le développement de modes de transport décarbonés, comme la marche et le vélo, peut constituer un levier fort pour améliorer la santé des populations. Dans cette présentation, nous montrerons comment ces bénéfices peuvent être évalués dans le cadre de scénarios de transition énergétique, et comment la prise en compte de la dimension de la santé publique peut apporter un éclairage original aux débats qui entourent les choix collectifs concernant les trajectoires de neutralité carbone.